Coopération au développement

Stratégie pour la coopération suédoise au développement avec la République démocratique du Congo 2021-2025.

1. Direction

L’objectif de l’aide économique internationale suédoise est de créer des conditions qui permenttent d’améliorer le niveau de vie pour les personnes vivant dans la pauvreté et l’oppression. La coopération au développement est fondée sur les principes de l’aide humanitaire et de l’efficacité du développement ainsi que sur l’Agenda 2030, le Programme d’Action Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur le climat.

La stratégie devra être appliquée au cours de la période 2021-2025 et comprend un total de 3,34 milliards de SEK, dont 3,3 milliards de SEK concernent l’Agence suédoise de la coopération internationale au développement (Asdi) et 40 millions de SEK concernent l’Académie Folke Bernadotte (FBA).

La stratégie régit l’utilisation des fonds alloués selon la ligne de crédits 1:1.9 Afrique dans les lettres réglementaires relatives à l’Asdi pour chaque exercice budgétaire ainsi que les fonds alloués sous la ligne de crédits 1:1.4 Aide humanitaire et la ligne de crédits 1:4.1 l’Académie Folke Bernadotte concernant les coûts de gestion de la mise en œuvre de la stratégie, dans les lettres réglementaires pour la FBA pour chaque exercice budgétaire.

Les actions de l’Asdi devront contribuer à la réalisation des objectifs suivants:

Droits de l’homme, démocratie, l’État de droit et l’égalité des genres

  • Le renforcement du respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit, y compris la diminution de la corruption
  • L’augmentation de l’égalité, y compris la diminution des violences sexistes

Santé égalitaire

  • Une augmentation de l’accès, et plus égalitaire, aux soins de santé et à la nutrition, en se concentrant sur les femmes, les jeunes et les enfants
  • Une amélioration de l’accès et du respect de la santé et les droits sexuels et reproductifs (SSRD)

Communautés pacifiques et inclusives

  • Des processus inclusifs de prévention, de gestion et de résolution pacifiques de conflits, y compris une résilience face aux crises renforcée

Environnement, climat et utilisation durable des ressources naturelles

  • Un impact limité sur le climat et résilience accrue aux changements climatiques
  • Une gestion et une utilisation durables des ressources naturelles, y compris la biodiversité
  • Une agriculture et foresterie durable et résiliente axée sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance

Les actions de la FBA, l’Académie Folke Bernadotte, devront contribuer à la réalisation des objectifs suivants:

Sociétés pacifiques et inclusives

  • Une amélioration des conditions pour un travail inclusif et égalitaire comprenant la prévention et la résolution de conflits et la consolidation de la paix.

2. Contexte pays / Contexte régional

Les élections de décembre 2018 ont marqué le premier changement pacifique de pouvoir dans l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC). Toutefois, le pays continue d’être caractérisé par l’instabilité et des conflits, tandis que les défis en matière de développement sont généralisés et que la situation humanitaire est grave. On estime que plus de cinq millions de personnes sont déplacées et en fuite au sein du pays. Le fragile équilibre du pouvoir limite les possibilités de mettre en œuvre les réformes initiées par le gouvernement.

Parmi les principaux défis figurent la situation sécuritaire difficile, en particulier dans la partie orientale du pays où plus de 140 groupes armés seraient actifs. Monusco, la mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC, a entamé la réduction de ses opérations. La corruption est répandue dans tous les secteurs de la société congolaise et constitue un obstacle sérieux au développement et aux opportunités d’améliorer la sécurité, d’assurer la protection et l’influence des habitants et de favoriser l’influence des ceux-ci.

La RDC est l’un des pays les plus riches du monde aussi bien en ressources naturelles qu’en terres arables, mais malgré ce potentiel, la population congolaise est l’une des plus pauvres au monde. Le ralentissement économique mondial et les mesures internes dans la lutte contre la Covid-19 ont entraîné une forte détérioration de la situation économique générale, une inflation et une hausse des prix des denrées alimentaires et la pauvreté risque d’augmenter.

La majorité de la population est dépendante de l’agriculture et foresterie pour sa subsistance et presque toute l’énergie consommée provient du bois et du charbon de bois. Le manque d’accès à l’emploi productif et à l’insécurité alimentaire, combiné à une population en croissance rapide, entraîne, entre autres, une augmentation de la malnutrition chez les enfants dans l’ensemble du pays. L’accès aux soins de santé et à la santé sexuelle et reproductive est très déficient.

La situation quant aux droits de l’homme est grave et l’impunité est généralisée. L’État n’a pas la capacité de protéger la population, en particulier les femmes et les filles, contre les abus et violations. L’égalité des genres est très à la traîne, par exemple, le mariage d’enfants et les violences sexuelles et sexistes sont des éléments clairs. Le pouvoir judiciaire manque d’indépendance et a servi d’outil pour réprimer les dissidents au sein de l’opposition et de la société civile. Depuis les élections de 2018, la société civile a connu une ouverture prudente de l’espace démocratique et les médias ont une certaine liberté d’action. Toutefois, le pays est en 2019 classé 154ème sur 180 au classement mondial des Reporters sans frontières relatif à la liberté de la presse et la tendance des cinq dernières années a été négative.

3. Plan d’actions

L’Asdi devra mettre en œuvre, assurer le suivi et rendre compte de ses activités conformément aux lignes directrices du gouvernement en matière de stratégies de coopération au développement et d’aide humanitaire suédoises (UD2017/21053). Les lignes directrices montrent, entre autres, que les actions doivent être activement orientées vers la réalisation des objectifs et que les résultats réels sont suivis en fonction des objectifs. Le rapport annuel de stratégie doit être exhaustif et comprendre entres autres un compte rendu, une analyse et une évaluation des résultats des actions par rapport aux objectifs énoncés. Les résultats doivent être considérés lors de la prise de décisions, l’apprentissage, la responsabilisation et pour assurer la transparence envers le public. Le suivi doit fournir des informations fiables et utiles sur les résultats aussi bien à court terme et qu’à long terme grâce à des informations qualitatives et quantitatives, dans la mesure du possible.

La coopération au développement contribue au développement durable selon l’Agenda 2030, les engagements sur le financement du développement du Programme d’action Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur le climat. La contribution des actions est particulièrement pertinente pour les objectifs de l’Agenda 2030 suivants: pas de pauvreté (objectif 1), pas de faim (objectif 2), bonne santé et bien-être (objectif 3), égalité des genres (objectif 5), énergie durable pour tous (objectif 7), conditions de travail décentes et croissance économique (objectif 8), villes et communautés durables (objectif 11), consommation et production durables (objectif 12), lutte contre les changements climatiques (objectif 13), écosystèmes et biodiversité (objectif 15), communautés pacifiques et inclusives (objectif 16) et mise en œuvre et partenariat mondial (objectif 17). La stratégie de présentation des résultats au gouvernement suédois doit comprendre des références à la façon dont les actions contribuent à l’application des actions de l’Agenda 2030 par rapport aux priorités de la stratégie. Dans son ensemble, la coopération suédoise au développement doit contribuer à réduire la pauvreté dans le pays, à améliorer les conditions de développement démocratique et à respecter les droits de l’homme.

Les actions doivent contribuer à renforcer l’État de droit, à réduire l’impunité, à accroître la transparence et à réduire la corruption. Le soutien au renforcement de la société civile et des médias est une priorité. Le soutien aux acteurs du changement et à la vie culturelle peut être inclus ici. La Suède peut contribuer à renforcer les conditions pour la mise en oeuvre d’élections démocratiques, libres et justes.

Dans le domaine de l’égalité des genres les actions devraient se concentrer sur la réduction de la discrimination fondée sur le sexe, une plus grande autonomie des femmes, l’influence et la participation des femmes aux processus politiques et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Les opérations doivent contribuer à réduire la mortalité maternelle et infantile par le travail de prévention et la prise en charge des causes sous-jacentes, ainsi qu’à accroître l’accès à la santé sexuelle et reproductive et le respect de celle-ci.

Les actions devraient soutenir le travail de stabilité de la RDC par le biais d’un soutien à long terme pour assurer la paix, la stabilité et la reconstruction dans les zones ciblées. La participation des femmes et des jeunes aux processus de consolidation de la paix devrait être renforcée. Le soutien au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des anciens combattants peut, s’il y a lieu, être apporté. Les actions de l’Asdi devraient être concentrées sur les causes profondes des conflits, par exemple, par l’amélioration des possibilités d’emploi productif aux conditions de travail décentes, y compris le travail pour développer le dialogue social. Les actions contribuant à l’abolition du travail forcé et du travail des enfants peuvent être incluses. Les actions de la FBA doivent être concentrées sur la participation accrue des femmes et des jeunes à la prévention de conflits, à la résolution de conflits et à la consolidation de la paix, au renforcement de l’État de droit et à l’amélioration de la capacité de la société civile et des structures étatiques à prévenir les violences sexuelles et sexistes. En outre, la FBA peut profiter des opportunités pour renforcer davantage les processus de paix et les acteurs du changement.

Les actions devraient promouvoir la diversification de l’agriculture et foresterie, la conservation et la restauration de la biodiversité et la réduction des impacts de la pollution, ce qui contribuerait également à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la nutrition, ainsi qu’à une résilience renforcée aux changements climatiques. Les actions devraient être concentrées sur les plus vulnérables par le biais, entre autres, d’une agriculture et foresterie à petite échelle et durable. Les actions devront également contribuer à l’utilisation durable des ressources naturelles, cela peut inclure la gestion des minéraux dits de conflit, en se concentrant sur une transparence accrue dans les chaînes de valeur mondiales où la RDC est incluse. Les actions doivent contribuer à réduire l’impact climatique, par exemple, en augmentant l’accès aux énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

La coopération suédoise au développement doit être pertinente et efficace. Une approche holistique de l’aide humanitaire suédoise à la RDC doit être assurée. Il est nécessaire de prendre en compte les liens entre l’aide humanitaire, la coopération au développement à long terme et la consolidation de la paix. À long terme, les actions doivent contribuer à réduire la dépendance aux aides humanitaires. Il faut rechercher les synergies entre les différents domaines de la stratégie, ainsi qu’avec les actions dans le cadre d’autres stratégies pertinentes pour la coopération suédoise au développement et l’aide humanitaire.

La coopération suédoise au développement doit constituer les fondements pour des relations plus larges et plus autonomes entre la Suède et la RDC et la coopération avec la base de ressources suédoise devrait être approfondie. Le potentiel de numérisation et d’innovation en tant qu’outil à la réalisation des objectifs doit, le cas échéant, être pris en compte. Il convient d’explorer la stimulation d’autres ressources financières.

La coopération au développement doit être adaptée aux circonstances actuelles et être à la fois souple et efficace. La coopération directe avec les acteurs étatiques peut comporter certains risques et ne devrait avoir lieu qu’après une évaluation minutieuse des risques.

La Suède doit promouvoir une coordination cohérente et efficace du développement et de l’aide humanitaire dans le pays, notamment par une participation active à la programmation conjointe de l’UE et par la coopération avec les acteurs multilatéraux concernés.

Ce document en français est une traduction de l’original suédois. En cas d'incohérence ou de divergence entre cette version française et l'original suédois, ce dernier prévaudra.

Dernière mise à jour 10 juin 2024, 20.16